La politique camerounaise est souvent une affaire de symboles, et l’annonce de Bello Bouba Maïgari, une figure historique de la République, a fait l’effet d’une bombe. L’ancien Premier ministre a promis de rapatrier la dépouille du premier président du Cameroun, Ahmadou Ahidjo, exilé à Dakar, au Sénégal, depuis son départ du pouvoir en 1982. Cette promesse, plus qu’un simple engagement, ravive un débat de longue date et soulève des questions profondes sur la mémoire, la réconciliation nationale et l’avenir politique du pays.
Un passé lourd de non-dits
Le départ d’Ahidjo et son exil volontaire ont marqué un tournant dans l’histoire du Cameroun. Son successeur, Paul Biya, a d’abord maintenu une relation cordiale avec lui avant que les liens ne se rompent, menant à une condamnation par contumace pour complot en 1984. Ahidjo, décédé en 1989 à Dakar, n’a jamais pu revenir sur sa terre natale, laissant derrière lui une blessure encore béante pour de nombreux Camerounais. Sa dépouille, enterrée au Sénégal, est un rappel permanent de cette fracture historique.
Pourquoi cette promesse maintenant ?
L’engagement de Bello Bouba Maïgari n’est pas anodin. Figure politique majeure du Nord, il a été le Premier ministre d’Ahidjo avant de servir sous Paul Biya. Sa promesse s’inscrit dans un contexte où les appels à une réconciliation nationale et à un apaisement des tensions politiques se font de plus en plus pressants. En promettant de ramener Ahidjo chez lui, Bello Bouba Maïgari ne fait pas que s’attaquer à un symbole, il s’attaque aussi à un tabou. Il s’adresse directement à l’électorat du Grand Nord, pour qui Ahidjo reste un héros, et se positionne comme un leader capable de clore un chapitre douloureux de l’histoire du Cameroun.
Les défis d’une telle entreprise
Le rapatriement de la dépouille d’Ahidjo est un projet complexe qui dépasse la simple logistique. Il s’agit d’une question éminemment politique et symbolique. La famille Ahidjo a toujours souhaité que le corps repose au Cameroun, mais les conditions politiques n’ont jamais été réunies. L’État camerounais, sous la présidence de Paul Biya, n’a jamais officiellement pris de mesures pour organiser ce rapatriement. L’engagement de Bello Bouba Maïgari pourrait donc mettre une pression sur le gouvernement en place et relancer le débat sur la place d’Ahidjo dans l’histoire officielle du Cameroun.
Un enjeu de réconciliation
Le retour de la dépouille d’Ahidjo serait un acte puissant de réconciliation nationale. Ce serait une reconnaissance, même tardive, de son rôle dans l’indépendance et la construction du Cameroun. Cela permettrait de tourner la page d’une période de l’histoire camerounaise et de commencer à panser les plaies. La promesse de Bello Bouba Maïgari est donc un appel à l’unité et à la reconnaissance d’un passé commun, avec ses gloires et ses tourments.
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